Comment se lancer ?

C’est probablement la question qui m’a le plus enquiquinée au sujet de la facilitation graphique. J’aime autant vous prévenir, je n’ai pas la réponse universelle (non, ce n’est pas 42). Je vais plutôt vous raconter comment j’ai fait moi-même.


Un peu d’histoire personnelle (aka 3615 MAVIE… oui, je sais)

J’ai toujours gribouillé, d’aussi loin que je me souvienne. En marge sur mes cahiers et copies, au dos des polycopiés, sur les tables du lycée (on ne juge pas), à la craie dans la cour de récré… Je parle bien de gribouiller, je n’estime vraiment pas pouvoir dire que je sais dessiner. Je n’ai pas de technique, pas de savoir-faire théorique, je suis nulle pour décalquer, encore pire pour recopier… bref, je gribouille.

Dans ma vie professionnelle, j’ai rapidement vu des gens sachant vraiment illustrer, dessiner. En particulier lorsque je travaillais chez Ubisoft, mais encore avant dès lors que je me suis intéressée de près à l’agilité. En comparaison, je me voyais vraiment à la gribouille ce que l’amibe est à l’évolution de la vie…

Oui oui, c’est bien moi cette amibe…


 Révélation (Tintintin !)

Quand j’ai eu mon premier vrai poste 100% dans l’agilité, scrum master, je me suis donnée à fond pour animer mes rétrospectives de sprint. Je tenais vraiment à ne jamais faire la même, à toujours trouver un thème nouveau et approprié à notre contexte, à l’actualité, à ce qui intéressait mon équipe ou à ce que je cherchais à travailler avec eux. Ça passait par de la gribouille, sans surprise.

Au fil des sprints, qui sont devenus des années, mon équipe me renvoyait toujours de la satisfaction à ce sujet. Ils étaient aussi contents que je fasse l’effort de le faire spécialement pour eux. J’ai donc osé le partager à d’autres agilistes. A leur tour, ils me transmettaient des impressions très positives. Alors au bout d’un moment, il faut bien écouter les autres et se fier à ce que le miroir renvoie. J’ai décidé de m’y mettre vraiment sérieusement.

J’ai cherché des formations, demandé des formations à mon employeur, mais nous n’avons pas trouvé grand chose qui semble valoir l’investissement aux yeux de mon ESN à ce moment là. Beaucoup d’inspiration m’est venue en observant ce que faisaient les gens comme Thierry DELESTRE avec Grafit ou Nicolas VERDOT avec les Décoincés du Crayon. J’ai bien tenté de reproduire pour m’entraîner mais j’avais beaucoup de mal à me reconnaître dans ce que je produisais. Alors je me suis retroussé les manches et … j’ai bossé.


Merci le confinement !

On se le demande, des fois…



Le confinement m’a beaucoup aidée, puisque j’ai été privée de tous les outils visuels de notre open space. Nous avons même été privés de nos outils tout court pendant plusieurs semaines, le temps que notre client parvienne à mettre en place une infrastructure qui permette aussi aux équipes non vitales de se connecter à distances sans gêner les autres. Pendant ce temps là, j’ai sketchnoté. Tout. Tout le temps.

C’était vraiment moche au début. Brouillon, désorganisé, des couleurs tellement mal assorties qu’elles rendaient tout encore plus confus, un espace sur la feuille géré tellement maladroitement que j’en suis arrivée parfois à poursuivre sur 3, 4 feuilles à accoler sans que cela ne serve le propos… bref, exploration, essai-erreur, divergence et génération d’idées en pagaille.

Un jour j’ai testé un canevas d’organisation sur une feuille A4 qui me semblait pas trop mal répondre à mon besoin de me cadrer et… EURÊKA ! Ça me plaisait. J’ai confirmé mon impression en sketchant tous nos rituels, y compris les daily meetings (oui oui…). J’ai transmis à mon équipe, au management aussi pour donner de la transparence facile à lire et pleine de pep’s coloré. Les retours ont vraiment été hyper agréables à recevoir et quand je n’avais pas le temps de sketcher les gens étaient déçus.

J’ai compris quelque chose de primordial à ce moment là : j’ai mon propre style et quand je le développe par le travail, je prends un pied d’enfer et il devient communicatif.


Et au final ?

Je ne « sais » pas dessiner mais on s’en fiche. Je n’ai pas de formation théorique sur le sujet mais pour l’instant elle ne me manque pas encore (ça viendra probablement !). Et si ce que je produis sert les propos de clarification, de communication non violente, de positivisme, de fun et me permet aussi de dédramatiser les choses régulièrement… alors ça me va.

Tout ça pour vous donner un ensemble de conseils qui ne sont peut être pas ceux que vous espériez recevoir, et si c’est le cas, alors je vous prie de bien vouloir me pardonner. Je ne partage que ce que j’ai. Et dans votre parcours de facilitateur graphique je vous encourage simplement à :

  • Essayer
  • Vous tromper et ne pas aimer ce que vous venez de produire
  • Déterminer ce que vous aimez bien dans la production ratée et le garder
  • Réessayer
  • Itérer
  • Essayer des supports et outils différents (papier de différents formats, feutres, marqueurs, stylos, crayons, numérique, stylet, souris…)
  • Consulter les vidéos de Thierry DELESTRE avec Grafit
  • Regarder le travail de Nicolas VERDOT et rejoindre sa communauté des Décoincés du Crayon (avec des cahiers d’exercice mensuels gratuits !)
  • Vous inspirer d’autres facilitateurs graphiques que je ne connais pas (et les partager héhé !)
  • Ne pas avoir peur de réutiliser le travail des autres pour vous entraîner (sans vous l’approprier injustement)
  • Ne pas avoir peur d’avoir votre propre style et ne pas hésiter à le pousser à fond
  • Partager vos production avec des gens de confiance pour avoir leurs feedback
  • Recevoir les feed-back comme de véritable cadeaux et comme autant de moyens de progresser
  • Ne rien lâcher, parce que le fait même d’essayer, c’est simplement génial

Alors à vos marques, prêts, gribouillez !
Livia